Alexandre Tharaud: Le temps dérobé

De Raphaëlle Aellig Régnier
Suisse - 2013 - vf - 65'
Synopsis

Plongée atypique dans l’univers d’un artiste particulièrement talentueux d’aujourd’hui : Alexandre Tharaud. Un pianiste qui a séduit un public bien au-delà de celui traditionnel de la musique classique grâce à son talent, sa sensibilité, mais aussi sa volonté de décloisonner ce monde parfois un peu figé en imaginant des aventures musicales inédites.
Né de parents eux-mêmes familiers de la scène (un père chanteur d’opéra, une mère Professeur de danse à l’Opéra de Paris), Alexandre conjugue sa passion du piano et sa fertile intranquillité sous l’œil d’une caméra intimiste. Un film mené sous la forme d’une exploration de moments intimes où l’artiste est bien plus face à lui-même qu’au public, confrontation à la fois douce et brutale à sa passion, à son inaccessible étoile.

LA FICHE DU FILM CHEZ VOUS

Critique

En 2012, les spectateurs découvraient le pianiste Alexandre Tharaud dans le film de Michael Haneke, Amour. Sa présence au cinéma se prolonge avec le remarquable portrait que lui consacre Raphaëlle Aellig Régnier. Finement ciselé, ce documentaire fait montre d'une qualité de regard exceptionnelle et d'un sens de l'écoute rare. La caméra s'invite dans les coulisses des concerts, suit les répétitions, traîne dans le studio d'enregistrement et effleure, frôle et enveloppe le pianiste, à la photogénie saisissante. Sa nuque, son regard intense et concentré, ses mains surtout, fines et agiles, occupent l'essentiel des cadres. Dans la relation intime qui l'unit à son instrument, à la scène et au public qu'il dit ressentir, au point d'enconnaître intuitivement la composition avant chaque concert, Alexandre Tharaud révèle une sensibilité hors du commun.

LE PORTRAIT DÉLICAT ET INTIMISTE D'UN PIANISTE

On a souvent parlé des mystères de la création mais ici, une autre nature d'enchantement est à l'œuvre : celle de l'exécution. Extrêmement précise, subordonnée à mille détails qui échappent au commun des mortels, elle est à l'origine d'un langage secret. C'est, par exemple, un piano qu'il faut régler car il est trop "fermé" et manque de "brillance". Intervient alors un couple de "sorciers" japonais qui ouvre l'instrument, le fait sonner et résonner, pour en extraire la tonalité désirée. Tous ces gestes, ces dialogues vertigineux avec l'instrument, sensuels et enflammés, dessinent le portrait délicat et intimiste d'un pianiste, à la grâce infinie.

Sandrine Marques, Le Monde

Projeté dans le cadre de

3 Mai 2014
Alexandre Tharaud, Le Temps Dérobé