L'Ange ivre

De Akira Kurosawa
Japon - 1948 - vost - 98' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

KUROSAWA SIGNE SA 1RE OEUVRE OUVERTEMENT PERSONNELLE OÙ EXPLOSE LE TALENT DE SA FUTURE STAR, TOSHIRO MIFUNE

« L’Ange ivre est le premier film que j’ai dirigé qui soit libéré de toute contrainte extérieure. Dans cette oeuvre, j’ai investi tout mon être. Dès la phase de préparation, j’ai senti que j’étais en train de me mouvoir sur le terrain qui me convenait. »
Akira KUROSAWA

Suite à une rixe qui a mal tourné, Matsunaga, gangster respecté d’un quartier malfamé de Tokyo, se rend chez le docteur Sanada pour faire soigner sa blessure. Ce dernier lui apprend qu’il est atteint de tuberculose, mais Matsunaga ne veut rien savoir et continue de mener un train de vie excessif. Le docteur, lui-même alcoolique, va tout faire pour convaincre le jeune truand de se soigner… 

Critique

Pour écrire le scénario de L’Ange ivre, Akira Kurosawa fait de nouveau appel à son ami dramaturge Keinosuke Uekusa, qui venait de signer une enquête dans les milieux de la drogue japonais. Avec ce huitième long-métrage, le réalisateur a enfin le sentiment d’avoir tourné « son » film. En effet, L’Ange ivre annonce ses grands chefs-d’oeuvre à venir et ses thèmes de prédilection : sa peinture réaliste des bas-fonds de la capitale (métaphorisés ici par l’image de la mare), son goût pour une certaine théâtralité (son choix de tourner en quasi-huis clos) et son univers fortement dostoïevskien (le thème du double chez les deux personnages principaux). Ces deux héros que tout oppose mais qui ne pourront s’empêcher de ressentir une certaine empathie, voire une forme de reconnaissance, l’un vis-à-vis de l’autre. Car le talent de Kurosawa réside bien dans sa peinture fidèle de l’âme humaine où rien n’est tout blanc ni tout noir – à l’image du médecin alcoolique, cet « ange ivre » qui donne à ce film son beau titre oxymorique. Cette oeuvre marque également la rencontre entre le réalisateur et celui qui deviendra son acteur fétiche, Toshiro Mifune, et avec lequel il tournera seize films. Son incroyable charisme finit presque par éclipser le personnage du médecin – joué par un autre fidèle de Kurosawa, Takashi Shimura –, à la base héros de cette histoire. Lorgnant à la fois vers le film noir américain et l’expressionnisme européen, L’Ange ivre sera un grand succès à sa sortie au Japon et lancera les carrières de Kurosawa et de Toshiro Mifune.

Projeté dans le cadre de

Du 8 Mai 2017 au 6 Juin 2017