Tokyo Family

De Yoji Yamada
Japon - 2013 - vost - 146'
Synopsis

Un vieux couple habitant sur une petite île proche d'Hiroshima vient rendre visite à ses trois enfants devenus adultes et vivant à Tokyo... 50 ans après la mort de Yasujiro Ozu, Yoji Yamada rend hommage à son maître en tournant une adaptation contemporaine d'un de ses chefs-d'oeuvre, Tokyo Monogatari (Le voyage à Tokyo), réalisé en 1953.

Critique

DANS LA PRESSE: 

"Yoji Yamada" - Scènes Magazine d'avril 2014

 

Une affaire de famille

Avec Tokyo Family, le vétéran Yoji Yamada (82 ans) rend hommage à Yasujiro Ozu, soixante ans tout pile après la sortie japonaise de Voyage à Tokyo, peut-être son plus grand chef d’œuvre. Yamada n'est pas seulement un admirateur, il a également été un collaborateur d'Ozu qui fut son mentor. Le cinéaste japonais fait avec Tokyo Family le pari de livrer un remake d'un des plus grands classiques du cinéma. Et il s'en sort par son humilité. L'histoire de Voyage à Tokyo n'a pas eu besoin d'être réellement modifiée pour être adaptée au Japon ou aux familles d'aujourd'hui. Fukushima est certes passé par là, dans le film où l'on en parle et dans la vie puisque le tournage de Tokyo Family a été décalé suite à la catastrophe du 11 mars 2011. Mais la puissance universelle du film original fait qu'il n'y a guère besoin de dépoussiérer. Le couple d'anciens découvre les lumières de Tokyo comme au début des années 50, s'asseyent sur un promontoire et contemple l'eau dans un plan qui cite directement le film de Ozu. Est-ce l'épreuve traversée ces derniers mois par le Japon qui pousse Yamada à adopter un ton plus clément ? Il y avait plus d'amertume dans les rapports humains vus par Ozu dans Voyage à Tokyo. Même s'il est aussi question de désillusions dans Tokyo Family, il y a surtout une grande douceur qui se dégage du long métrage. Le style épuré du cinéaste ne doit pas faire oublier ses grandes qualités de conteur. Les 2h26 de Tokyo Family filent à toute allure, et le film, vraiment attachant, parvient à paraître plus court que des œuvres deux fois moins longues vues à la Berlinale.

Nicolas Bardot, Film de culte