Vérités et mensonges

De Orson Welles, François Reichenbach
France, Iran, Allemagne - 1983 - vost - 89'
Synopsis

Orson Welles nous entraine dans une méditation sans fin sur le travail des faussaires en art, sur le faux et les apparences…

Critique

Orson Welles, en vrai magicien, joue constamment avec le spectateur. Il lui met sous les yeux des images qu’il orchestre magistralement. F for Fake est avant tout une remarquable démonstration de montage. Le réalisateur montre que la virtuosité de son art ne dépend pas tant de ce qui est filmé, la plupart des images n’étant pas de lui, que du mode sur lequel le montage le présente. Retenons que le film a été presque entièrement réalisé au montage. De même qu’il importe peu de savoir l’identité exacte de l’auteur d’un tableau. Il importe seulement de dire si telle ou telle oeuvre relève ou non de l’art. Il n’y a pas d’artistes, mais seulement des oeuvres. Peu importe qui signe le film, seul compte le film, l’art dégagé par chaque film. Orson Welles dynamite le récit et sa continuité. Il fige soudain l’image pour aller traquer la vérité dans un détail, monte et démonte les éléments pour en explorer toutes les facettes dans une sorte de frénésie à la Pirandello. F for Fake résume tout l’art Wellesien. Il condense toutes les obsessions du réalisateur et exprime le mensonge comme un art rattaché à tout bon illusionnisme. (...) L’oeuvre tout entière d’Orson est en effet placée sous le double signe de la magie, de l’illusionnisme et de la fascination pour les escrocs et les grands mystificateurs, le personnage de Kane en premier lieu (dans Citizen Kane). Orson Welles fonda lui-même sa carrière puis sa célébrité sur une supercherie avec la guerre des mondes, comme il le montre dans le film. (...)

Sébastien Bazou

Projeté dans le cadre de

Du 16 Décembre 2015 au 5 Janvier 2016