The Killing of a Chinese Bookie

De Shadows (1959) à Opening Night (1977), John Cassavetes à composé en neuf films une oeuvre magistrale, dont l'importance ne saurait être sous estimée car elle se situe au coeur du nouveau cinéma américain. Altman, Scorsese, Rafelson, Spielberg sont d'une certaine manière, ses fils spirituels: c'est lui qui a ouvert la voie au réalisme quasi documentaire et à la psychologie quasi behaviouriste qui caractérise la production américaine des dix dernières années par rapport au naturalisme et à l'expressionnisme de la génération précédente. (…) Ce qui est remarquable, c'est la simplicité et la justesse du regard que Cassavetes porte sur ce monde de la nuit. Il reste fidèle, pour l'essentiel, à la technique du «direct» caméra tenue à la main, projecteurs filmés de face s'ils se trouvent dans le champ, comédiens et figurants saisis comme sur le vif, etc. Cette apparente improvisation du tournage s'accompagne d'une extraordinaire spontanéité dans l'approche des personnages: Cassavetes ne cherche pas à nous faire croire que les événements arrivent par eux-mêmes devant la caméra, mais il parvient quasiment à nous le laisser supposer avec une vigueur qui est celle du meilleur réalisme. C'est pourquoi son film, s'il est conforme au schéma traditionnel du «film noir», en renouvelle complètement l'expression par son langage moderne: il a épousseté vigoureusement la vieille mythologie pour nous en offrir une image neuve.

Marcel Martin