TESNOTA

De Kantemir Balagov
Russie - 2017 - vost - 118' - Couleurs - Numérique
Synopsis

1998, Nalchik, Nord Caucase, Russie. 
Ilana, 24 ans, travaille dans le garage de son père pour l'aider à joindre les deux bouts. Un soir, la famille et les amis se réunissent pour célébrer les fiançailles de son jeune frère David. Dans la nuit, David et sa fiancée sont kidnappés et une rançon réclamée. Au sein de cette communauté juive repliée sur elle-même, appeler la police est exclu. Comment faire pour réunir la somme nécessaire et sauver David ? Ilana et ses parents, chacun à leur façon, iront au bout de leur choix, au risque de bouleverser l'équilibre familial.

Critique

Tesnota, une vie à l’étroit, premier film de Kantemir Balagov, né à Nachlik dans le Caucase du Nord, aura été, pour sa plus grande partie, la déflagration attendue par les spectateurs [du Festival de Cannes] (...), soudain sortis de leur torpeur par la révélation de deux talents inconnus : son réalisateur de 26 ans et sa comédienne, l’ébouriffante Darya Zhovner, dont c’est aussi le premier film.

Plongée conjuguée dans les communautés juives et kabardes du Caucase du Nord à la fin des années 90, Tesnota s’intéresse à un fait divers qui s’est déroulé dans la ville natale du réalisateur alors qu’il avait 7 ans, et dont le récit, des années plus tard, l’a fasciné. Ce kidnapping (la pratique était courante à l’époque) visait deux jeunes fiancés juifs, et la rançon conséquente exigée des familles, sans doute déterminée par des préjugés antisémites, allait causer de multiples déflagrations intimes et communautaires.

Toute la patiente exposition du film, cette intimité hyper texturée qu’elle met en scène, la délicate complexité des personnages en font l’une des ouvertures les plus magistrales qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps. Une fois le rapt advenu, s’offrait à l’intrigue, en plus de l’examen de ses répercussions intimes, d’examiner la politique des rapports communautaires en présence, regarder ce que dit cette petite histoire d’un trop grand pays et conquérant. 

Elisabeth Franck-Dumas, Libération