Les faiseurs de Suisses

De Rolf Lyssy
Suisse - 1978 - vf - 105' - Couleurs
Synopsis

Max Bodmer et Moritz Fischer, tous deux employés à la Police Cantonale et en charge de surveiller les étrangers qui demandent la nationalité suisse, sont les personnages principaux de cette comédie satirique et ironique. On suit les péripéties des différents demandeurs, confrontés chaque jour à la bureaucratie et aux barrières culturelles imposées par les méthodes d’investigation. Tout est fictionnel… Pourtant, toute ressemblance avec des situations réelles ne saurait être complètement écartée.

Critique

1978: Les faiseurs de Suisses bat des records d’entrées: plus de 700’000 spectateurs entre novembre 1978 et juin 1979 — le plus grand succès du cinéma suisse de tous les temps! Vingt ans et quelques initiatives xénophobes plus tard, le film de Rolf Lissy a-t-il toujours le même mordant… Si oui, c’est qu’il reste hélas d’actualité! La police cantonale de Zurich (et d’ailleurs) se comporte-t-elle encore de la même manière à l’égard des étrangers désireux d’obtenir un passeport suisse. Sont-ils encore nombreux les inspecteurs du type Bodmer, citoyens modèles et parfaitement bornés, qui pistent avec un zèle imbécile les étrangers qui, de toute façon, n’arriveront jamais à être de «bons» Suisses? Certes, aujourd’hui, ils n’ont plus à faire à un psychiatre allemand ou à un confiseur italien! Lissy, à l’époque, avait plutôt choisi d’en rire…   

Passion Cinéma

Le film est une comédie satirique, l’humour certain est parfois un peu lourd, mais le scénario est bien conçu, la mise en scène soigneusement réglée, les comédiens, parfaitement dirigés, jouent avec beaucoup de naturel et une grande justesse de ton.

Le «travail» avec des fonctionnaires pourrait paraître caricatural à qui ne connaît pas, par exemple, celui des R.G. (Renseignements Généraux) français, qui fonctionnent dans chaque préfecture, et recueillent une poussière d’informations, de dénonciations mineures, qui semblent dérisoires.

Ici, sur le mode de l’humour, la comédie, le viol de la vie privée, celui des consciences devient flagrant ainsi que l’humiliation de la plupart des individus, de leur renoncement apparent à leur véritable personnalité. Chemin faisant, le portrait du parfait citoyen Suisse est esquissé: il gagne de l’argent, il mène une vie rangée, il ne participe à la vie politique du pays que par sa soumission aux règles établies et à l’ordre règnant. C’est un film sain, vigoureux, parfaitement inséré dans la vie quotidienne et souvent drôle.

Jacqueline Lajeunesse, La Revue du Cinéma

 

Projeté dans le cadre de

5 Décembre 2017
Les Faiseurs de Suisses
5 Décembre 2017
Les Faiseurs de Suisses