UNE VIE VIOLENTE

De Thierry de Peretti
France - 2017 - vofr - 115' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l'enterrement de Christophe, son ami d'enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.

Critique

(...) Le second long-métrage de Thierry de Peretti, repéré ici-même il y a quatre ans avec Les Apaches, s’intéresse à la trajectoire, fin 90 début 2000, entre Paris et Bastia, d’un jeune militant nationaliste corse, option gauchisme (pas la plus fréquente). Et elle n’est pas follement gaie, cette trajectoire, comme l’indique le titre, emprunté à Pasolini. C’est une tragédie grecque, avec son héros romantique et fataliste qui fonce droit dans la gueule du loup (pour venger ses copains assassinés), avec ses pythies attablées annonçant la catastrophe (superbe scène), avec enfin son attention extrême portée aux mots, à leur poids, à leur poésie. 
On parle en effet beaucoup dans Une vie violente, et c’est ce qui le rapproche du film de Robin Campillo. Peretti pose, avec une grande habileté, sa caméra au milieu des militants (authentiques pour la plupart), dans les cellules de prison, dans le maquis, dans les arrière-cours ou les cafés louches, et rend leur parole incroyablement vivante, incandescente, quand bien même certains enjeux restent un peu abscons aux néophytes. 
Il faut accepter de parfois se perdre dans ce faux film de mafia, où l’action passe essentiellement par des discours contradictoires, et où la violence s’exprime sourdement — sauf dans une des premières scènes, traumatisante, où deux types se font cramer dans une voiture.
Ici ce n’est pas un virus qui décime une génération, mais des balles, tirées par on ne sait qui, d’on ne sait où, pour on ne sait quelles raisons. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’un cinéaste passionnant est là en train de se confirmer.

Jacky Goldberg, Les InRocks