War Photographer

De Christian Frei
Suisse - 2002 - vost - 97' - Couleurs - 35mm
Synopsis

Le photographe américain James Nachtwey est considéré comme l'un des meilleurs de sa profession. Pendant plus de vingt ans, il a parcouru le monde entier pour témoigner de tous les conflits qui l'agitent. Il aborde ici ses motivations, ses peurs et son quotidien de grand reporter. Comment peut-on, face à l'horreur, penser à réussir la meilleure image possible ? Christian Frei, réalisateur et producteur suisse, part sur les traces de James Nachtwey dans les régions les plus instables d'Indonésie, du Kosovo ou de Palestine…

Critique

Pourquoi James Nachtwey est-il un témoin capital de notre temps ? Parce qu'il a « fait » toutes les guerres depuis vingt ans. Parce que, des massacres au Rwanda, des atrocités commises au Kosovo, de la répression en Tchétchénie, mais aussi de l'effrayant dénuement des pauvres de Djakarta, il a su capter l'essence indicible. Parce qu'à travers ses photos, souvent fameuses, ce grand « photographe de guerre », longtemps membre de l'agence Magnum, est devenu le plus crédible des militants antiguerre. La caméra qui a suivi Nachtwey sur le terrain dévoile un homme discret, concentré, patient, qui approche des gens au stade terminal de la détresse, avec une discipline qui a autant à voir avec la morale qu'avec l'expérience du métier. Grâce à une microcaméra fixée sur l'appareil photo de James Nachtwey, la démarche du photographe en quête du cadre idéal, de l'instant décisif, mais aussi de l'émotion qu'il veut restituer, l'acte de photographier l'horreur (ou la misère) ont rarement été auscultés avec plus d'acuité. Et les questions que l'on se pose naissent ainsi naturellement des rencontres que fait Nachtwey lors de ses reportages, débouchant toutes sur le même paradoxe, insoluble sans doute : comment « faire de l'art » ­ et, dans le cas de James Nachtwey, l'art est souvent magistral ­ avec la souffrance extrême d'autrui. Cet humaniste sans emphase se dit « tourmenté » par la question. Il n'y répond pas mais continue de prendre tous les risques pour défendre sa conviction la plus intime : il croit encore qu'une photo peut déclencher une décisive prise de conscience. Le grand témoin est aussi un homme rare.

Jean-Claude Loiseau, Télérama

Projeté dans le cadre de

14 Octobre 2017
Nocturne de la photographie 2017