Diamant Noir

De Arthur Harari
France, Belgique - 2016 - vf - 115'
Synopsis

Pier Ulmann, qui survit de petits boulots et de larcins, ne conserve de son père que l'image d'un traumatisme familial. Issu d'une famille de riches diamantaires d'Anvers, Pier a coupé les ponts avec elle, du fait de l'accident terrible qu'a vécu son père. Sa vie change lorsqu'il apprend la mort dans la rue de celui-ci. Son cousin Gabi veut le revoir. Furieux contre son oncle, qui s'est enrichi en perpétuant le business familial et qu'il juge coupable de la déchéance de son père, Pier élabore sa vengeance. Rachid, avec lequel il cambriole des maisons bourgeoises, lui dit d'aller se servir. Ensemble, ils montent un coup pour rafler la mise...

Critique

Le milieu très fermé des diamantaires d'Anvers, rarement montré au cinéma et romanesque en diable, est le premier atout de ce film noir, qui en dévoile la géographie, les méandres et les secrets. Dans cette microsociété opulente et feutrée débarque Pier Ulmann, jeune truand parisien au sang chaud, genre de Hamlet de Barbès, venu venger son père. Celui-ci vient de mourir dans la rue, mais fut jadis un tailleur de pierre réputé, avant d'avoir la main broyée par une facetteuse. Et d'être rejeté par sa famille.
Remarqué pour ses courts métrages percutants, Arthur Harari réussit son passage au long en restant fidèle à ses obsessions, forgées par la fréquentation des mélodrames de Kazan et de Minnelli : violence des rapports humains, fatalité de la filiation, pulsions mal contrôlées. La défaillance morale des protagonistes fait inexorablement glisser ce thriller, à la photographie superbement contrastée, vers la tragédie. Oncle, cousins, père de substitution, tous semblent incapables d'arrêter la malédiction familiale dont un prologue sanguinolent, à la Dario Argento, a donné un aperçu.

Tiraillé entre son désir de vengeance et la promesse d'un métier pour lequel il se découvre des dons, le héros intrus se mue, comme malgré lui, en ange exterminateur. Méconnaissable avec ses cheveux lissés et son air exsangue, Niels Schneider traverse le film tel un fantôme. « T'es pas chez toi, ici ! » lui rappelle son vieil oncle diamantaire, impressionné par le jeune prodige à qui il refuse, pourtant, une place au soleil...

Jérémie Couston, Télérama

Projeté dans le cadre de