Le Procès

De Orson Welles
France, Allemagne, Italie - 1962 - vost - 119' - Noir et Blanc
Synopsis

Un matin, l’employé de banque Joseph K. est arrêté. Plus il proteste de son innocence, plus on lui reproche un comportement de coupable. Commence alors un long et pénible périple dans les méandres d’une administration fantoche et tentaculaire, sans qu’il ne rencontre jamais l’autorité suprême qui l’accuse… « Welles après Kafka, le montre avec une vigueur exemplaire: le tyran le plus effroyable n’est pas un foudre de guerre trônant dans un palais; c’est un état d’esprit (…). Un conformisme intellectuel et un confort moral dont la menace est toujours présente: il suffit d’un rien, d’une illusion, d’un cahot de l’Histoire pour qu’elle redevienne virulente. Telle est la leçon de ce grand film où Kafka tend la main à Welles, et où Welles nous tend la sienne»

Freddy Buache, Tribune de Lausanne, 1963

Critique

Que ce soit la gare d’Orsay désaffectée et transformée en tribunal dystopique ou l’appartement d’une banlieue yougoslave au plafond extrêmement bas qui ouvre le film, The Trial (Le Procès) d’Orson Welles regorge de passages où l’architecture joue un rôle déterminant dans la transposition moderne du récit de Franz Kafka. C’est pourtant l’éclairage des espaces collectifs (tribunaux, espaces de travail, salles d’attente) qui constitue le point culminant d’une réflexion d’ordre architecturale. Jouant avec les clairs-obscurs, les lumières aveuglantes et l’éclairage fluorescent, Welles fait de la « nuit électrique» un élément du cauchemar. Exploitant le caractère anxiogène de l’éclairage écrasant et uniforme du néon, Welles réactualise l’angoisse kafkaïenne sur des plateaux uniformément éclairés où des salariés travaillent dans un capharnaüm dactylographique. Prenant à contrepied l’optimisme de son époque qui voit dans cette luminescence un contexte idéal pour l’émergence de la société du loisir, au consumérisme sain et aux désirs assouvis, Welles en fait le symbole d’un nouveau totalitarisme. Il inaugure ainsi une nouvelle façon de remettre la modernité en question, qui repose sur une déconstruction des bienfaits de l’électrification de la ville des années 1960.

Christophe Catsaros, rédacteur en chef de la revue Tracés

Projeté dans le cadre de

8 Mai 2017
Le Procès de Orson Welles