Victoria

De Justine Triet
France - 2016 - vf - 90' - Couleurs
Synopsis

Victoria Spick, avocate pénaliste en plein néant sentimental, débarque à un mariage où elle y retrouve son ami Vincent et Sam, un ex dealer qu’elle a sorti d’affaire. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne. Seul témoin de la scène, le chien de la victime. 
Victoria accepte à contrecœur de défendre Vincent tandis qu'elle embauche Sam comme jeune homme au pair. Le début d’une série de cataclysmes pour Victoria.

 

 > Critique dans Ciné-Feuilles de septembre 2016

 > Critique dans Le Journal Du Dimanche du 11 septembre

 > Critique dans Le Monde du 14 septembre

 > Critique dans Libération du 14 septembre

 > Critique dans Le Canard Enchaîné du 14 septembre

 > Critique dans Le Courrier du 14 septembre

 > Critique dans La Tribune de Genève du 14 septembre

 

Critique

Le film manie avec panache la géométrie savante de la comédie US “grand genre” (un peu du Cukor, de Madame porte la culotte par-ci, un peu de McCarey par là) tout en lui injectant des saillies excentriques inouïes : un chien appelé à la barre d’un tribunal, un selfie réalisé par un chimpanzé ou encore, prince charmant mal profilé, un personnage de dealer babysitter flegmatique campé par un Vincent Lacoste idéal (nul mieux que lui ne saurait porter des gants Mappa roses en disant “Allez les filles, on range les ipad et on va se coucher“).

A mesure que le film avance, Victoria ravit aussi par sa façon de s’enfoncer dans des zones plus écorchées, d’approcher en douce l’œil du cyclone d’une “middle-life crisis” carabinée. Aux incohérences du sentiment, aux apories du langage, à la brutalité des rapports de désir et de domination, Victoria…se pique. Ressort même toute gercée de ces désillusions. Le film n’hésite pas alors à mettre en danger son propre allant, à faire peser sur la vis comique de subits sacs de plomb chagriné.

Dans ces remuantes décompressions, entre déprime et euphorie, soudaine profondeur et fantaisie tous azimuts, Victoria déploie toute sa grâce. Une grâce évidemment inextricable de celle de son interprète royale, Virginie Efira, jusque-là souvent très bonne dans des films moyens, qui est ici regardée et portée comme jamais, enfin éblouissante.

 

Jea-Marc Lalanne, Les InRocks