Violences sur la ville

De Jonathan Kaplan
Etats-Unis - 1979 - vost - 95' - Couleurs
Synopsis

Dans une petite ville plantée au milieu du désert, une bande d'adolescents s'ennuie et saccage la ville. Lors d'un incident, l'un d'eux est accidentellement abattu par un policier.

Critique

Adapté de faits réels, Violences sur la ville débute comme une chronique amère et sombre pour culminer de façon percutante dans une violence sans possibilité de retour : le film se fait rapidement la peinture d’une jeunesse sans repère, des jeunes qui s’ennuient. Dès le prologue, il nous est rappelé que les moins de 15 ans constituent 1/4 de la population de cette même bourgade. Une bourgade nouvelle, en construction et devenir, où, par l’intermédiaire d’un panneau publicitaire en train d’être posé, on apprend qu’un terrain de jeu et une patinoire sont en cours de construction. En attendant, les familles semblent à la fois être en transit et en train de prendre elles aussi leurs repères. Les adolescents, en revanche, n’ont qu’une chose à faire : se réunir pour tromper leur ennui. Forcément, le mimétisme prime et, au sein de cette bande qui finit quasiment par vivre en autarcie, les plus audacieux et les plus rebelles font figure de modèles. (…) Over the Edge est un film puissant, sans doute l’un des meilleurs de son auteur, issu de l’école Corman, et déjà responsable d’un sympathique Truck Turner en plus d’un actionner vigoureux : La route de la violence qui lui aussi sondait l’Amérique profonde avec ce qu’elle comporte de tares. Les acteurs y crèvent l’écran, on y découvre un Matt Dillon d’une quinzaine d’années, dans un premier rôle très proche de ceux qui feront bientôt sa renommée : Outsiders et Rusty James, voire Hooligans. Non moins remarquable de décontraction et de naturel, évolue ici Michael Eric Kramer qui ne fera pas la même carrière mais qu’on retrouvera dans Project X, un autre film de Jonathan Kaplan aux côtés de Matthew Broderick. Etonnant aussi, dans un rôle plus secondaire, d’y découvrir Vincent Spano, tout jeune lui aussi, et à l’aube d’une longue carrière.

En plus d’être un superbe tremplin pour une nouvelle génération d’acteurs, Violences sur la ville anticipe sur des discours ayant cours à l’heure actuelle en les annihilant à sa manière: ici, pas de télévision, pas de jeux vidéo, pas de violence virtuelle qu’on recrée dans la réalité... on évolue finalement dans des sentiers proches de certains films de John Hugues, mais sur un mode dramatique et inquiétant : c’est l’adulte, par son absence ou ses idées courtes et purement autoritaires qui est montré du doigt. La seule solution avancée par des gens censés être responsables est l’instauration d’un couvre-feu et la fermeture d’un centre où les jeunes se réunissent. Une solution qu’on a vu revenir il n’y pas si loin dans la réalité et dans des élans réactionnaires... idem pour des fusillades et accès de violence qui ont eu lieu récemment : on citera Columbine près de la petite ville de Littleton, dont les politiciens et les médias ont tôt fait de récupérer l’affaire pour en rejeter la seule faute sur l’industrie du spectacle (musique, télévision, jeux vidéo, internet). Violences sur la ville remet les choses à leur place par anticipation, puisque ni la fermeture des centres, ni les couvre-feux n’ont changé quoi que ce soit... Bien au contraire, depuis, le problème n’a fait que se gangréner. Par contre, il semble que la réflexion plus en aval liée à des sociétés dans lesquelles les démissions parentales, pour des raisons diverses et variées (travail, stress, aliénation sociale, temps de loisirs raccourci) soit depuis longtemps d’actualité et pour longtemps encore... A ce titre, en plus de la belle efficacité brute du film, Violences sur la ville est un véritable uppercut !

www.psychovision.net

 

Projeté dans le cadre de

12 Novembre 2015
Projection de Over the Edge