I Magliari

En 1961, Francesco Rosi perce sur la scène internationale grâce à Salvatore Giuliano, œuvre-phare dans la carrière de celui qui se spécialisera par la suite dans le film-enquête. Pourtant, le cinéaste était déjà depuis longtemps dans la profession, notamment en tant qu’assistant de Luchino Visconti. Ayant franchi toutes les étapes traditionnelles du métier, Rosi réalise à la fin des années 50 deux premiers longs métrages qui reprennent l’héritage néoréaliste, dont ce Profession : magliari, tourné en 1959. Préfigurant l’œuvre à venir, ce second opus est marqué par une attention toute particulière à la description d’un milieu : celui de la petite délinquance, ainsi que des immigrés italiens en Allemagne. Avec un luxe de détails vrais, l’auteur donne vie à cette communauté, à la fois sympathique et minée par des rapports hiérarchiques liés aux différences de classe. Apparaît ainsi en filigrane un discours social qui a le mérite de ne pas être martelé avec insistance. Sans jamais sacrifier à la mode du film noir dont il s’inspire pourtant, Rosi s’affranchit des règles d’un genre très codifié en approfondissant les personnages. Profession : magliari se place donc au carrefour entre un cinéma américain socialisant à la Kazan et un néoréalisme typiquement italien.

Virgile Dumez, À voir à lire