Kurt Cobain: Montage of Heck

De Brett Morgen
Etats-Unis - 2015 - vost - 132'
Synopsis

Basé sur les interviews de ses proches et sur des archives inédites, Cobain: Montage of Heck est un documentaire troublant qui retrace le parcours du leader de Nirvana et la manière dont sa personnalité s’est construite.

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Critique

Quoi de plus connu que le destin de Kurt Cobain ? La rise and fall story qui sert trop souvent de résumé à sa vie est tellement archétypale qu’elle en est devenue presque christique. Combien de commentateurs n’ayant rien à dire sur le rock se sont-ils emparés de ces clichés top pratiques ? Combien de reportages plus ou moins (souvent moins) inspirés ont-ils été consacrés à ce musicien prodige ? Cela tombe bien, Kurt Cobain : Montage of Heck n’est pas un documentaire comme les autres. Il évite toute piste sensationnaliste pour se concentrer sur un portrait intime, se concentrant sur le jeune homme plutôt que le musicien, la star ou la figure influente. Pas de fans, de lointains collaborateurs ou d’« héritiers » musicaux réduits à 3 secondes de présence pour enchainer les « he was so great » et autres platitudes télévisuelles. Ici les intervenants sont réduits au strict minimum : les parents, l’ex-fiancée, Krist Novoselic, Courtney Love, et c’est tout. L’absence de Dave Grohl est aussi surprenante que remarquable, et Frances Bean Cobain n’apparait que bébé dans des images d’archives.

C’est pourtant (ou justement) elle qui est à l’origine de ce documentaire produit par HBO, doc qui a par conséquent eu accès exclusif à une foule de documents personnels : images jamais vues de Cobain et sa famille, vidéos familiales de son enfance, premiers concerts dans des chambres d’ados, films amateurs tournés par lui ou par Courtney Love. Le réalisateur a surtout eu accès aux journaux intimes du musicien, notes, peintures et dessins s’éparpillant de l’adolescence à l’âge adulte. Cela permet non seulement à Kurt Cobain : Montage of Heck de décoller bien plus haut que les habituels remix de vieilles interviews, mais cela lui donne surtout une profondeur émouvante. Ce que confirme l’autre audace du film : celle de mélanger les natures d’images, alterner archives et animation. Certains passages de son adolescence sont reconstitués dans des scènes d’une violente nostalgie, tandis que les mots de ses journaux s’envolent littéralement des pages. Rien que par la forme, le film possède une singularité rare.

Grégory Coutaut, Film de culte