3 février 2018

Rencontre avec Pierre-Alain Meier

Samedi 3 février dès 17h30!

«Hyènes, adapté de La visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt, m’a fait découvrir mes limites, comme aucun autre film ou événement n’aura pu le faire dans toute ma vie de cinéaste et d’être humain. Hyènes est le seul parmi les nombreux films que j’ai produits, accompagnés, réalisés, qui m’ait poussé dans de si extrêmes retranchements. Je cherche aujourd’hui encore à savoir ce qui m’a pris de venir au Sénégal produire ce film que l’auteur et réalisateur Djibril Diop Mambéty n’avait au fond pas absolument besoin de réaliser. Avec ce film, j’ai touché le fond, j’ai dû me battre physiquement, j’ai été entraîné trois fois au poste de police de Dakar, il m’a fallu arrêter violemment le tournage - contre l’avis d’une grande partie de l’équipe. J’ai finalement fui à l’aéroport en compagnie de quelques compatriotes. Nous sommes tombés en panne d’essence à 2 km de l’aéroport, avons couru pour attraper notre avion. Puis j’ai été débarqué parce qu’on m’avait vendu un faux billet. Avant de revenir, un an plus tard, tout reprendre à 0. Au cours des années qui ont suivi, je suis revenu trois fois incognito à Dakar, revoir les différents lieux de tournage. Je n’arrivais pas à digérer cette épreuve herculéenne et un peu monstrueuse que j’avais vécue. À cette époque-là, j’étais fasciné par l’Afrique. Avec Yaaba, Hyènes, puis Laafi Tout va bien, et encore quelques autres films, tous sélectionnés à Cannes, j’étais devenu « le » producteur africain. Je me sentais alors presque plus africain que suisse. De nombreux collaborateurs de Hyènes ont très tôt disparu. Je suis aussi revenu au Sénégal pour accomplir enfin le deuil de tous ces précieux compagnons. Parmi eux : Mansour Diouf, l’acteur principal, Djibril Diop Mambéty, Samba Felix Ndiaye, le directeur de production et cinéaste de talent, Matthias Kälin, Maguette Salla, l’ingénieur de son, ainsi que la plupart des acteurs du film.»


Pierre-Alain Meier

On l'aura compris, Pierre-Alain Meier n'est pas un cinéaste comme les autres. Réalisateur, producteur, il s'implique à fonds dans ce qu'il entreprend. Il est aux Cinémas du Grütli, le samedi 3 février pour présenter deux films, Adieu à l'Afrique et Hyènes, de Djibril Diop Mambéty. Une rencontre exceptionelle à ne pas rater!